Nous nous situons au delta des mondes
Là où sont bloqués tous les paquets d'ondes
Nous habitons les frondes
Fuyons toutes les sondes
Traversant la traverse
avertis par l'averse
éclairés par l'éclair
déserteurs du désert
Les impondérables
les surnuméraires
les forts et les fiers
les enfants perdus
Éperdus du radeau ardu
Qui auraient du n'ont pas voulu
Mais eux qui toujours ont su
Qu'il n'y a pas de lendemain
Qu'il n'y aura pas de grand matin
Que tout est déjà là
Tout près à portée de bras
Que les plus petites portes
Font les plus grand fracas
Que les hommes de toutes sortes
Sont les rois du ravage
Les seigneurs du saccage
Les pontes du carnage
Les magnats du pillage
« Sachez que tout s'achète
Que rien ne se donne
Songez que rien n'arrête
La marche des hommes »
Êtres pour qui admettre
que se soumettre serait permettre
Aux prêtres aux géomètres
aux chronomètres et aux minettes
D'être la lettre, d'être la lettre
Les flux esseulés qui découpent
Nous traversent et nous laissent en déroute
Mais nous sourdons des soutes
Sous ton sol soudé
nous complotons
Noyons ton fixe point
de flottaison
Abrogeons tes mensonges,
Et oublions ta raison
Mais déjà surgit sournois ton peloton
Bourreaux ailés ils nous défient les démons
Nous sourions nous soudoyons
Mais l'ange dégringole
Et Dieu nous abandonne
Ils dégainent les Thompsons
les clairons stridents tonnent
et les hérauts entonnent :
« Sachez que tout s'achète
Que rien ne se donne
Songez que rien n'arrête
La marche des hommes »
Tu te répands en surimposant à tous les moments
Les gaz puants de tes sortilèges purulents
Tu as sur tes dents le sang de nos parents
De nos frères de nos amis de nos amants
Le Monde nous enserre
Comme du faucon les serres
Prédateur des verrières
Colporteur d'ether
Camoufleur de guerre
Qui te fera taire ?
Qui te fera taire ?
« Sachez que tout s'achète
Que rien ne se donne
Songez que rien n'arrête
La marche des hommes »